Lettres au Roi
HADJA
JULIA
CLOTAIRE
JULIE
ELEANORE
La lettre de Clotaire
Pierre Frossard, pasteur
Charleston
L'abolition de l'esclavage Le 04 avril 1769
A sa Majesté le Roi Louis XV
Château de Versailles
Votre Altesse,
C'est muni d'un grand espoir que j'ose adresser à votre Majesté une requête. Et cette requête , la voici : je vous supplie de mettre un terme à la scandaleuse chaîne de l'esclavage, qui, si elle enrichit la France et d'autres pays, avilit l'homme au plus profond et accélère la décadence de l'humanité.
Les esclaves sont soumis à des conditions de travail déplorables, et tombent comme des mouches.
De même que las Casa prit la défense des indiens, lors de la Controverse de Valladolid, je prends devant vous la défense des esclaves. Et je vous expose les faits :
-un esclave est réveillé au matin par le fouet, et doit alors labourer durant une longue matinée. Il ne peut à aucun moment se reposer, et son travail n'est jamais récompensé. Le travail bien fait est ignoré, mais la moindre faute est sévèrement punie. Les maîtres ont le droit de vie et de mort sur les esclaves et peuvent les enchaîner et les battre.
Dans votre immense mansuétude, je sais ou plutôt je suppose que votre corps et votre âme sont révoltés.
Cependant, vous êtes le Roi et vous pouvez encore faire cesser cette horreur. Je rajoute que la difficulté au travail n'est pas due qu'à la cruauté des maîtres; le climat est dur; le soleil est harassant, et les esclaves importés d'Afrique semblent succomber facilement à des maladies telles que le rhume.
Mais je le répète, votre Majesté a le pouvoir d'arrêter tout cela, et je vous en supplie du fond du coeur.
Avec tout le respect qu'il vous est dû
Pierre Frossard